Introduction : le chaos intérieur

Imaginez cette situation : vous êtes assis à votre bureau avec une liste de tâches longues comme le bras. Votre téléphone vibre, un collègue vous parle, et votre tête déborde déjà d’idées. Vous essayez de tout gérer en même temps, mais votre cerveau bloque. Plus rien ne bouge. Vous êtes paralysé. Bienvenue dans la surcharge cognitive.
Pour une personne avec un TDAH, ces moments de saturation ne sont pas des exceptions, mais des réalités fréquentes. La surcharge cognitive, c’est quand le cerveau est tellement sollicité qu’il n’arrive plus à traiter les informations correctement. Il sature, comme un ordinateur avec trop d’onglets ouverts. Ce phénomène peut être frustrant, épuisant, voire handicapant.
Dans cet article, on va plonger dans le mécanisme neurologique derrière la surcharge cognitive, explorer ses différentes formes, et surtout, découvrir comment la gérer.
Les mécanismes de la surcharge cognitive dans le TDAH

La surcharge cognitive, c’est ce moment où le cerveau disjoncte sous la pression. Mais que se passe-t-il exactement dans notre tête ?
Le rôle du cortex préfrontal
Le cortex préfrontal est la tour de contrôle du cerveau. C’est lui qui gère les fonctions exécutives : planification, gestion des priorités, mémoire de travail. Chez une personne avec un TDAH, cette zone fonctionne moins efficacement. Résultat : les informations s’accumulent sans être traitées, comme des colis qui s’empilent dans un entrepôt jusqu’à bloquer l’accès.
Les récentes avancées scientifiques sur le TDAH permettent de mieux comprendre pourquoi le cerveau des personnes concernées réagit différemment aux stimuli et aux tâches multiples. Un consensus mondial sur le TDAH a mis en lumière ces particularités neurologiques et leurs implications.
Une RAM cérébrale limitée
Pensez à votre cerveau comme à un ordinateur. La mémoire de travail, c’est la RAM : elle traite les tâches en cours. Pour une personne TDAH, cette RAM est plus petite et se remplit beaucoup plus vite. Une fois saturée, elle « freeze » : impossible de penser clairement ou de continuer à avancer.
Stress et émotions en amplificateurs
Quand vous êtes stressé, votre cerveau active des mécanismes de survie. Le système limbique, ou « cerveau reptilien », prend le dessus. C’est parfait pour fuir un danger immédiat, mais désastreux pour résoudre des problèmes complexes ou gérer des tâches multiples. Chez les TDAH, cette bascule arrive plus vite, amplifiant le chaos mental.
Pour comprendre comment le stress affecte le cerveau, l’article de l’APA (American Psychological Association) sur les effets du stress sur le cerveau est une source fiable. Il aborde en détail les impacts du stress chronique sur les capacités cognitives et le système nerveux.
Les différents types de surcharge cognitive
La surcharge cognitive ne se manifeste pas toujours de la même manière. Voici les principaux types :
Surcharge sensorielle

C’est ce qui arrive quand le cerveau est bombardé de stimuli externes : bruit, lumière, mouvements, notifications incessantes. Pour une personne TDAH, ces distractions sont impossibles à filtrer, créant une sensation d’assaut permanent.
Exemple : dans un open space bruyant, impossible de se concentrer même sur une tâche simple.
Surcharge émotionnelle
Quand les émotions débordent, elles monopolisent toutes les ressources mentales. Colère, frustration, ou anxiété prennent le dessus, empêchant toute réflexion rationnelle.
Exemple : après un conflit avec un proche, impossible de travailler ou de se recentrer.
Surcharge temporelle
Le temps devient un ennemi : les tâches s’accumulent, les délais se rapprochent, et tout semble urgent. Pour les TDAH, la mauvaise gestion du temps rend cette surcharge encore plus fréquente.
Exemple : vous commencez à travailler cinq minutes avant une deadline, avec dix choses à terminer en même temps.
Pourquoi les TDAH sont particulièrement vulnérables ?
La surcharge cognitive peut toucher tout le monde, mais chez les personnes TDAH, elle frappe plus fort et plus souvent. Pourquoi ?
Une difficulté à prioriser les informations
Pour beaucoup, trier les tâches en fonction de leur importance est intuitif. Chez les TDAH, tout semble avoir la même priorité. Résultat : on se noie dans des micro-tâches ou on saute entre plusieurs projets sans avancer réellement. La surcharge cognitive peut rapidement conduire à un état d’épuisement total, où même les tâches les plus simples deviennent insurmontables. Cet article explore en profondeur l’épuisement mental chez les TDAH, un phénomène étroitement lié à la surcharge cognitive et qui nécessite une gestion adaptée.
Une gestion compliquée des distractions
Les TDAH ont une « porte ouverte » dans leur cerveau. Les bruits, les pensées parasites, les notifications… tout entre, tout reste. L’impossibilité de filtrer ces distractions épuise rapidement les ressources cognitives.
Le piège de l’hyperfocus
L’hyperfocus, ce super-pouvoir qui permet de se concentrer intensément, a un coût énorme. Une fois qu’on en sort, on est vidé mentalement. Si, en plus, le reste des tâches s’est accumulé, la surcharge est immédiate. L’hyperfocus est une arme à double tranchant : il permet une immersion intense dans une tâche, mais peut aussi entraîner une saturation mentale totale une fois terminé. Découvrez une analyse approfondie de l’hyperfocus et son impact sur le quotidien d’une personne TDAH.
Les micro-décisions qui épuisent
Chaque petite décision — choisir quoi manger, où poser ses clés, quel mail ouvrir en premier — peut devenir un combat mental. Ces choix répétitifs usent la mémoire de travail jusqu’à provoquer un blocage complet.
Comment reconnaître une surcharge cognitive ?

Parfois, la surcharge cognitive n’est pas facile à identifier, car elle peut ressembler à d’autres états comme la fatigue ou l’épuisement mental. Voici les signes typiques :
1. Brouillard mental
Vous avez l’impression d’être dans une brume épaisse, incapable de penser clairement ou de prendre des décisions simples.
2. Paralysie ou procrastination
Face à trop de choses à gérer, vous vous arrêtez net. Soit vous remettez tout à plus tard, soit vous abandonnez complètement.
3. Irritabilité ou fatigue soudaine
Votre patience s’évapore, chaque interruption devient insupportable, et votre énergie chute brutalement.
4. Sentiment de vide ou d’abandon total
Vous vous sentez dépassé, sans savoir par où commencer ou même si cela vaut la peine d’essayer.
Différence avec l’épuisement mental
La surcharge cognitive est un pic aigu : elle survient soudainement sous la pression immédiate. L’épuisement mental, en revanche, est un état chronique qui s’installe progressivement.
Si vous ressentez régulièrement ces symptômes, il est essentiel de comprendre comment la surcharge cognitive agit sur votre cerveau et comment la gérer efficacement. Cet article de Max Piccinini détaille des stratégies pour surmonter cette saturation mentale et retrouver une clarté d’esprit. Lire l’article.
Tableau récapitulatif des stratégies concrètes
Pour répondre efficacement à chaque problème, voici un tableau synthétique avec des solutions adaptées :
Problème | Solution | Exemple concret |
---|---|---|
Trop de tâches à gérer | Découper en mini-blocs | Pomodoro : 25 min sur une tâche clé. |
Distractions constantes | Réduire les stimuli | Casque anti-bruit, bureau épuré. |
Stress lié à la deadline | Reprioriser et déléguer | Demander de l’aide pour une tâche mineure. |
Trop d’idées qui s’entremêlent | Externaliser les pensées | Carnet, apps comme Notion ou Todoist. |
Fatigue mentale après un hyperfocus | Pause active et recharge cognitive | Marcher 10 min, méditer 5 min. |
Les mythes à déconstruire
La surcharge cognitive est souvent mal comprise, et plusieurs idées reçues continuent de circuler. Voici deux mythes qu’il est crucial de déconstruire :

« Les TDAH sont juste paresseux. »
Rien n’est plus éloigné de la réalité. Les TDAH ne manquent pas de volonté, mais leur cerveau traite les informations différemment. La surcharge cognitive est une réaction neurologique, pas un manque de motivation.
Exemple : un TDAH peut se retrouver bloqué devant une simple tâche administrative, non pas par flemme, mais parce que son cerveau ne parvient pas à organiser les étapes nécessaires.
« Il suffit d’être mieux organisé. »
Les stratégies classiques d’organisation (to-do lists, planificateurs) ne suffisent pas toujours. Sans outils adaptés ou sans aide pour prioriser, ces méthodes peuvent même augmenter la surcharge.
Exemple : une liste interminable de tâches non classées devient une source d’angoisse supplémentaire pour un TDAH.
La surcharge cognitive dans la société moderne
Si la surcharge cognitive existe depuis toujours, elle est devenue un phénomène amplifié par la société actuelle.
L’hyperconnectivité : l’ennemi invisible
Les notifications constantes, les e-mails qui s’empilent et les attentes de réponse immédiate créent un environnement surstimulant. Les TDAH, déjà vulnérables aux distractions, sont encore plus affectés.
Exemple : pendant que vous essayez de travailler, une simple notification peut déclencher un cycle de distractions qui vous fait perdre des heures.
La culture de l’hyperproductivité
La pression pour tout accomplir rapidement, souvent en multitâche, est toxique. Les TDAH, qui ont besoin de temps pour structurer leurs pensées, se retrouvent en décalage face à ces exigences.
Exemple : on valorise celui qui enchaîne les tâches sans pause, mais un TDAH risque l’épuisement complet en essayant d’imiter ce modèle.
La surcharge cognitive au-delà du TDAH
Bien que ce problème soit amplifié chez les TDAH, il touche aussi les non-TDAH. La société moderne impose un rythme qui surcharge tout le monde, ce qui peut créer un lien de compréhension et d’empathie avec les lecteurs.
20 signes que vous êtes en surcharge cognitive
Symptômes | Description |
---|---|
Difficulté à se concentrer | Votre esprit vagabonde, et vous avez du mal à rester concentré sur une tâche ou à retenir des détails importants. |
Fatigue mentale et physique | Vous ressentez une sensation d’épuisement général, rendant la gestion des tâches plus difficile. |
Irritabilité et impatience | Vous perdez patience plus facilement, et des situations anodines deviennent sources de frustration. |
Troubles de la mémoire | Vous oubliez des tâches simples ou avez du mal à rappeler des informations importantes. |
Insomnie ou troubles du sommeil | Votre cerveau a du mal à se déconnecter, rendant l’endormissement difficile. |
Sentiment d’être submergé | Vous avez l’impression d’être constamment dépassé par les événements et les responsabilités. |
Anxiété accrue | Vous anticipez constamment les tâches à accomplir avec un sentiment de manque de contrôle. |
Diminution de la créativité | Vous avez du mal à innover ou à trouver des solutions nouvelles. |
Maux physiques | Des douleurs comme des maux de dos ou des migraines peuvent apparaître en raison du stress mental. |
Négligence de ses propres besoins | Vous oubliez de prendre soin de vous, de manger correctement ou de vous accorder des pauses. |
Culpabilité | Vous ressentez un sentiment de ne jamais en faire assez ou d’être à la hauteur malgré vos efforts. |
Isolement social | Vous vous sentez seul(e) ou incompris(e), même entouré(e). |
Prise de mauvaises décisions | Vous prenez des décisions hâtives ou inappropriées en raison de la fatigue mentale. |
Procrastination | Vous remettez les tâches à plus tard, incapable de les commencer ou de les terminer. |
Sautes d’humeur | Vos émotions fluctuent rapidement, passant de la tristesse à la colère sans raison apparente. |
Diminution de la productivité | Malgré le temps passé, vous accomplissez moins de tâches qu’auparavant. |
Perte de motivation | Les activités qui vous passionnaient ne suscitent plus le même intérêt. |
Difficulté à prendre des décisions | Chaque choix, même mineur, devient un dilemme. |
Sensibilité accrue au bruit | Les sons environnants vous dérangent plus que d’habitude. |
Envie de fuir les responsabilités | Vous ressentez le besoin de vous éloigner de vos obligations quotidiennes. |
Conclusion : transformer la surcharge en signal
La surcharge cognitive n’est pas une faiblesse, mais un message de votre cerveau : il a besoin d’aide ou d’un changement de rythme.
Pour les personnes TDAH, apprendre à reconnaître cette surcharge est la première étape pour reprendre le contrôle. Ce n’est pas facile, et cela demande des ajustements constants, mais chaque petit pas compte.
Rappelez-vous : tout ne peut pas être fait en même temps, et ce n’est pas grave. Priorisez, déchargez
Bibliographie
Pour approfondir votre compréhension de la surcharge cognitive et du TDAH, voici quelques ressources complémentaires :
-
Stress et cerveau :
Comprendre les effets du stress sur le corps (American Psychological Association) -
Stratégies contre la surcharge cognitive:
Surcharge cognitive, comment en sortir ? (Max Piccinini)